Egypte: vous avez dit démocratie?

Publié le par Adrien Ramelet

Cette fois, c'est fait. Mohammed Morsi est le nouveau président egyptien. Il lui revient la lourde tâche de redresser son pays, mis à mal après la chute de Moubarak.

Au fond, une question se pose: l'Egypte a t-elle vraiment changé?

 

Un régime autoritaire peut en cacher un autre...

 

Depuis la chute de Moubarak, l'Egypte a tenté tant bien que mal de redresser la barre. Vide politique, vide économique. Une brèche dans laquelle se sont vite engouffrés les généraux.

Ces derniers contrôlent aujourd'hui presque tout dans le pays. Main mise sur l'économie et ses secteurs vitaux, mais aussi et surtout pouvoir politique.

 

A tel point que les généraux imposent leur vision. Les dernières élections législatives marquées par le triomphe des Frères Musulmans en sont la preuve. Sitôt élue, l'Assemblée a été dissoute par le Conseil suprême des forces armées (CFSA). Point de guerre politique, mais une décision légitime selon les généraux. Ces derniers fondant en effet cette dissolution sur une décision de justice, et pas n'importe laquelle puisque rendue par la Haute Cour contitutionnelle.

 

C'est là tout le jeu des généraux. Avoir la main mise sur l'Egypte et légitimer autant que possible leurs actes, quitte à faire passer leurs intérêts avant ceux des égyptiens.

En témoigne la déclaration constitutionnelle du CFSA dont le seul but n'était autre que de limiter les pouvoirs du président et par laquelle l'armée a décidé de s'octroyer le pouvoir législatif. Démocratie? Régime totalitaire? Méthodes brutales et autoritaires en tout cas, et loin des idéaux de la démocratie à l'occidentale...

 

Que dire également de Mohammed Morsi qui n'aura presque aucun pouvoir sur l'armée, pas même sur son ministre de la défense.

Force est de constater que l'armée contrôle tout, au détriment d'un président malgré tout élu par les égyptiens eux même...

 

 

Un président bien faible tiraillé entre les nombreuses commuautés

 

Durant la campagne, les inquiétudes ont été grandes face aux thèses défendues par Morsi. Par dessus tout, la volonté d'imposer la charia et plus précisément de contrôler la conformité de toutes les lois à la charia a constitué une grande inquiétude. Imposer un Etat islamique suscite les peurs occidentales, à juste raison d'ailleurs.

 

Pour mémoire, Morsi lui même déclarait être "seul candidat avec un programme islamiste". De quoi inquiéter, car Morsi devra composer avec toutes les communautés, notamment les coptes aujourd'hui, communauté qui quasi unanimement apréhende désormais l'avenir.

 

Morsi devra aussi négocier dur avec les militaires. Compétence par compétence, il lui appartiendra de s'affirmer en tant que président de tous les égyptiens, comme il l'a d'ailleurs déclaré après sa victoire. Le nouveau président aura aussi besoin du Parlement, sans lequel il lui sera impossible de réformer. Un long chemin sur lequel Morsi s'est engagé, et qui ne sera pas sans embûches.

 

Le processus démocratique qui s'est déroulé est bien entendu à saluer, et sur ce point la communauté internationale est unanime.

Au fond, au-delà du cas de l'Egypte une question est posée: le Printemps arabe à t-il vraiment été une réussite? Ou s'agissait t-il d'une simple volonté de faire tomber des dictateurs sans avoir prévu ni même pensé l'avenir?

Pourtant on aurait pu penser que l'exemple de l'Irak après la chute de Saddam Hussein aurait servi d'exemple. Faire tomber des dictateurs, oui et même deux fois oui, mais préparer l'avenir et la transition de ces pays aurait du être la première des priorités...

Publié dans Politique

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